Bonjour, j'espère joindre ce clan parce qu'il semble actif et mature, et surtout parce que j'ai l'impression que je vais bien m'y sentir. Comme vous l'Avez sans doute devinez, je me nomme Venezia, capteur d'esprit. Ou plutôt, je suis une laemia.
Ma mère se nommait Kana, buveuse de sang. Un jour elle allait chasser dans un petit village nordique et les gardiens ont eu vent de sa venue. L'ange Gordak, chef de guerre endurci, l'y attendait avec ses troupes. Kana avait déjà vu plus menaçant, et en moins d'une heure, tous les anges reposaient sur le sol, morts. Enfin, presque tous. Gordak fut le seul qui réussit à lui résister assez longtemps pour voir son visage. Ils tombèrent amoureux, et je n'ai pas de détails à ajouter sur ce qui s'en suivit, sinon ma venue. Mi-ange mi-vampire, je renouvelais la race autrefois existante des laemian. La première personne que je tuais fut ma mère, ensuite mon père, âgée seulement d'une douzaine d'années. Pourtant, je n'étais pas encore assoiffée de sang, et je ne le fus qu'à l'âge de mes 18 ans, le jour où je devins vraiment ce que j'étais destinée à devenir.
Je recherchais alors d'autres personnes de ma race, pas des laemian, seulement des vampires ou des anges, pour ne plus être que nomade errante solitaire. Je ne suivais que ce que mon instinct me dictait, et ce jour-là j'étais sur la piste d'un vieil ange tout autant solitaire à l'agonie, qui courait dans les forêts et terrorisait les villageois, trop faible pour voler.
Je m'installais donc dans une petite grotte glaciale et m'y enfonçais, pour pouvoir me coucher tout au fond et dormir un peu. Je ne subissais pas les tourments du vent ni du froid, je ne voulais seulement pas être surprise en plein milieu de la nuit par un quelconque ennemi. En sentait la chose remuer en mon sein, et repensais au dernier mois.
Depuis quelques semaines, cette chose semblait prendre vie en moi. Pas comme un enfant dont j'aurais été enceinte, totalement indépendant de ma volonté, plutôt comme une partie de moi-même qui n'aurait commencé à exister que depuis mon âge adulte. Je savais que les anges commençaient à avoir leurs ailes à la puberté, et comme à mes 18 ans je n'en avais toujours pas, j'en avais déduit que je ne tenais de mon père que son tempérament de guerrier. Mais à présent, je sentais quelque chose remuer sous la peau de mon dos, quelque chose qui n'avait qu'à peine la taille de deux mains réunies côte à côte.
J'étais à moitié somnolente lorsque je sentis la chose se débattre avec de plus en plus de fougue, ce qui était plutôt inhabituel, quoique ces derniers temps elle semblait de plus en plus active.
Les gratouillements entre mes omoplates devenaient chaque jour de plus en plus intense, mais je m'y étais habituée, contrairement à cette sensation-ci, qui me donnait l'impression qu’on lacérait ma chair. Je serrais les dents, ne comprenant pas immédiatement ce qui pouvait bien se passer.
Soudain, un écœurant bruit de déchirure se fit entendre, suivit de près par un puissant hurlement rauque. Plus démoniaque encore que ceux des harpies, il ressemblait aux cris de la Mort. Choquée, je plaquais mes mains sur mes oreilles, mais il me fallut un certain temps avant de comprendre que c'était moi qui le produisait. La douleur qui irradiait de mon dos était si anormale! Pour moi, se jeter dans les flammes de milles soleils ou dans les eaux glacées d'une mer perpétuellement gelée était du pareil au même. Je n'avais encore jamais ressenti la douleur et certainement pas à ce stade!
Malgré l'étonnante sensation qu'ils provoquaient à mes tympans, ma gorge continuait de se mutiler de ces bruits. Mes griffes s’enfonçaient profondément dans le sol de pierre tandis que le déchirement se poursuivait. Quelque chose tentait de se libérer de l’emprise de ma peau, se secouant puissamment, déchiquetant ma chair. Je me suis sans doute évanouie à ce moment, car lorsque je relevais péniblement la tête, la chose avait cessé de remuer, et j’étais étendue dans une mare de sang.
En me redressant sur mes genoux, ma longue chevelure noire et poisseuse plaquée contre ma peau, je compris que, contrairement à ce que je pensais, la douleur ne s’était pas du tout atténuée, bien au contraire. Je voulu hurler à nouveau lorsque je sentis la chose se secouer d'elle-même, mais seule une légère plainte franchis mes lèvres. Malgré la torture, je tentais quand même de la toucher. Mes doigts se glissèrent sur mes épaules, caressant ma peau autrefois blanche et immaculée, se couvrant du sang froid qui la recouvrait. Ils se dirigèrent vers l'origine du supplice, tout en se délectant de toutes ces sensations... La tiédeur du sang mêlé à la chaleur de la chair, la solidité de mes muscles si robustes, la douceur d'énormes plumes soyeuses ...
Je ne pus en supporter plus. Pendant des jours la torture se prolongea, au fur et à mesure que mes ailes poussaient, devenant aussi grandes que le double de la longueur de mes deux bras étendus au-dessus de mes côtes, continuant de pousser d'une dizaine de centimètres par jours. Les plumes que j'avais touchées la premières fois n’étaient que du duvet comparé à celles qui garnissaient à présent mes ailes, aussi grosses que les branches d'un arbre. J'avais l'impression que plus mes ailes poussaient plus je m'affaiblissais, comme si on étirait mon corps et que l'énergie devait lui aussi subir ce traitement.
Un jour je sentis une odeur alléchante parvenir jusqu'à ma grotte. En tournant les yeux vers l'entrée je vis un homme s'y tenir debout. Mes cris de douleur avaient sans doute alertés les villages voisins, et il était normal que quelqu'un vienne voir quel démon hantait la place. De l'homme je ne percevais qu'une ombre, mais l'odeur était tellement délicieuse que c'en était indescriptible. J'avais envie de le saisir par la gorge et de le dévorer comme c'était interdit de le désirer. Je tentais de me lever pour m'emparer de ce corps si inaccessible, mais je n'étais même pas en mesure de lever la tête. En me voyant, femme nue recouverte de sang étendue sur le sol, il se précipita à ma rencontre. Je n'eus aucune difficulté à le tuer en lui cassant le cou. Vous devinez la suite, je ne m'étendrai pas dans les détails. Je comprenais alors ma véritable nature, et après l'avoir vidé de son sang, je décidais de reprendre plus de forces. Je fis subir ce traitement à plusieurs villages entiers, jusqu'à ce que je réussisse enfin à voler sans difficulté. Bref, j'ai donc trouvé ce repère de vampire, et d'y étancher ma soif ne fut que ma seule volonté.
Voici mon histoire. Commentez autant que vous le désirez!